Batailles Aériennes n° 77

Partgez vos coups de coeurs sur les ouvrages, magazines, BD traitant de l'aviation et de la simulation.

rakacha
Apprenti-Mécano
Apprenti-Mécano
Messages : 249
Inscription : 27 juillet 2009

Re: Batailles Aériennes n° 77

#51

Message par rakacha »

On ne risquait pas de rater les cocardes russes !

Les deux premiers chapitres sont très réussis, équilibrés, clairs. On parle d'opérationnel, de politique, de technique, c'est bien y en a pour tous les goûts. Forcément vu que "personne n'y connaît rien" à cette guerre, faut ratisser large !
Je ne sais pas si j'aurais envie de me plonger plus en avant dans cette période, mais au moins j'aurai 5 BA qui formeront une bonne doc pour commencer !
Avatar de l’utilisateur

phoenix
Pilote Philanthrope
Pilote Philanthrope
Messages : 14927
Inscription : 05 août 2001

Re: Batailles Aériennes n° 77

#52

Message par phoenix »

Tubs a écrit :Je crois que je vais regrouper tout ça et en faire un petit pdf ;)

J'ai juste feuilleté le numéro pour le moment, faute de temps, mais il me parait excellent :yes:
J'y pensais aussi à faire un PDF, mais si tu l'as fais, tu peux le mettre à dispo ?
Avatar de l’utilisateur

Tubs
Chef de patrouille
Chef de patrouille
Messages : 4673
Inscription : 03 août 2001

Re: Batailles Aériennes n° 77

#53

Message par Tubs »

Non, pas encore fait ;) Je me dis qu'il y aura peut être d'autres messages de David :biggrin:
Avatar de l’utilisateur

phoenix
Pilote Philanthrope
Pilote Philanthrope
Messages : 14927
Inscription : 05 août 2001

Re: Batailles Aériennes n° 77

#54

Message par phoenix »

Ah oui pas bète. On va attendre que maitre David ait fini. :yes:

larsenjp
Pilote Confirmé
Pilote Confirmé
Messages : 3089
Inscription : 03 août 2011

Re: Batailles Aériennes n° 77

#55

Message par larsenjp »

David M a écrit :Mais il y a aussi 6 SPAD A en ligne, un chasseur dont l'aviation française a vite mis au placard

Faute de mieux, les Russes vont se battre avec jusqu'en 1917 - et revendiquer tout de même trois victoires sur ce truc improbable qui menace à chaque atterrissage de trancher son mitrailleur comme un saucisson - il est assis devant l'hélice, qui tourne au milieu du fuselage !
Les débuts de l'aviation, y compris l'aviation militaire, ont été marqués par des choses assez étonnantes mais j'avoue que j'ai un petit faible pour celui-là. Je serai curieux de savoir qui a eu l'idée de mettre l'hélice là et pour quelle raison... Il n'a pas dû souvent mettre les pieds dans un avion, comme pilote peut-être mais certainement pas comme observateur/mitrailleur. :emlaugh:
Avatar de l’utilisateur

phoenix
Pilote Philanthrope
Pilote Philanthrope
Messages : 14927
Inscription : 05 août 2001

Re: Batailles Aériennes n° 77

#56

Message par phoenix »

C'est vrai qu'il fallait avoir une sacrée confiance dans la construction et dans le pilote lors des phases de décollage et d'atterrissage.
Avatar de l’utilisateur

actionjoe
Pilote Philanthrope
Pilote Philanthrope
Messages : 5970
Inscription : 24 avril 2008

Re: Batailles Aériennes n° 77

#57

Message par actionjoe »

Je serai curieux de savoir qui a eu l'idée de mettre l'hélice là et pour quelle raison...
Ben, en fait, si ma mémoire est bonne, c'était le moment où la question du tir vers l'avant n'avait pas encore été totalement résolue, et là, c'est plutôt la nacelle qui a été ajoutée, il faut avouer que l'observateur a une vue bien dégagée vers l'avant. Remarque que tout le design de cet appareil n'est pas à jeter, hein! Tu enlèves la nacelle, et tu te retrouves avec le grand-frère du SPAD VII.

Si le bizarre vous intéresse, petite conférence de Jon Guttman sur cet avion et le Salmson-Moineau




(le BA n'est pas encore entre mes mains, je devrais le prendre aujourd'hui!)
Messieurs, vous ne pouvez pas vous battre ici! C'est la Salle de Guerre!

Image
Avatar de l’utilisateur

Pollux
Webmaster
Webmaster
Messages : 5865
Inscription : 12 février 2010

Re: Batailles Aériennes n° 77

#58

Message par Pollux »

Trouvé enfin hier, reste plus qu'a le déguster !
"Il faut préférer la modestie de ceux qui s'associent pour combattre au triomphe passager de celui qui s'isole." Cdt De Rose CCG: https://escadrilleccg.forumactif.com/
Avatar de l’utilisateur

David M
Apprenti-Mécano
Apprenti-Mécano
Messages : 243
Inscription : 25 mars 2014

Re: Batailles Aériennes n° 77

#59

Message par David M »

Salut à tous,

Le SPAD A, pour ceusses qu'il intéresse.

Christophe Cony en a écrit une très intéressante et très complète monographie, qui est parue dans un vieux AVIONS d'il y a 20 ans, les n°50 à 54 si je me souviens bien. Voici ce que j'écrivais dans le BA n°74 sur ce bidule :

La société SPAD (Société pour la Production des Avions Déperdussin), rachetée par une groupe d'industriels menés par Louis Blériot, et qui en conserve le sigle (devenant la Société pour la Production d'Avions et Dérivés), fait preuve d'une certaine originalité pour solutionner le problème du tir à travers le cercle de l'hélice sur un avion à moteur tractif (à l'avant). Son chef-ingénieur Louis Béchereau propose tout simplement de construire une nacelle devant l'hélice, dans laquelle on loge un mitrailleur et son arme sur affût mobile !
Double avantage, selon une note du SFA daté du 29 mai 1915 : offrir un champ de tir très dégagé au mitrailleur, ou possibilité de remplacer ce dernier par une batterie de mitrailleuses fixes. Mais aussi double inconvénient : d'une part, le moteur est masqué par la nacelle et ne pourra pas être ventilé par le vent relatif ; d'autre part les responsables soulignent l'appréhension du pauvre mitrailleur assis dans son panier en osier à quelques centimètres d'une énorme hélice battant l'air - surtout en cas de capotage...
Propulsé par un moteur Le Rhone rotatif de 80 hp (le même que celui des Morane et Nieuport), l'avion est un biplan biplace et de fait n'a pas les performances des chasseurs monoplaces. Il file à 150 km/h et monte à 1 000 m en 4 mn 33, puis à 2 000 m en 11 mn 35 soit 2 mn 20 de plus que le Nieuport. L'avion intéresse cependant les officiels et le général Hirshauer en décide la commande d'une présérie de 10 exemplaires le 5 juin 1915, puis un marché de 40 autres exemplaires (équipés d'un moteur 110 hp, quand celui-ci sera au point) est ratifié par le SFA le 7 septembre 1915. On projette d'en équiper trois escadrilles mais le projet ne sera jamais mené à bien : les SPAD A seront « saupoudrés » dans les escadrilles existantes où les pilotes s'en débarrasseront rapidement. L'avion n'inspire aucune confiance aux pauvres mitrailleurs qui, outre le fait d'être menacés d'être coupés en rondelles par l'hélice en cas de capotage, sont constamment projetés à l'avant où à l'arrière de la nacelle lors des manœuvres de l'avion et bien mal à l'aise pour tirer en situation de combat.

Nacelle sur SPAD A.jpg
Nacelle sur SPAD A.jpg (176.12 Kio) Consulté 4609 fois
Témoignage de Jacques Leps, futur as, et début 1916 mitrailleur sur SPAD A : il rapporte que dans un combat tournoyant, il lui était impossible de tirer : lorsque le SPAD pique, l’avion pique plus vite que le corps du mitrailleur qui se retrouve projeté en arrière sur son siège. Inversement, lors d’une ressource, le mitrailleur se retrouve projeté en avant par la force centrifuge.

En 1916, apparaît le SPAD A2, propulsé par un moteur de 110 hp. Deullin, qui en pilote un à l'escadrille N 3, le juge plutôt nerveux. L'avion est toujours saupoudré dans les escadrilles, mais les pilotes s'en débarrassent très vite. Une seule victoire sera remportée sur ce type d'appareil, à l'escadrille N 73. Le 17 mai 1916, lors d'une alerte, deux pilotes sans appareils, les caporaux Théophile Funck-Brentano et Robert Sabatier décollent faute de mieux sur le SPAD A 2 n°31 et rencontrent un biplace allemand, qu'ils finissent par descendre - cela se passait sur le front des Vosges. Vous avez des photos de leur appareil sur le site d'Albin Denis ici : http://albindenis.free.fr/Site_escadril ... lle073.htm

Profil du bousain :
SPAD A2 n°31 Esc N 73 - 1 vict 17 mai 1916 Cal Sabatier et Cap Funck-Brentano.jpg
Les SPAD A 2 trainant dans les dépôts sont alors refourgués aux russes, pour lesquels sera produite une autre version, le A 4 (sans ailerons sur l'aile inférieure). Selon mes sources, trois victoires sont remportées sur cet appareil (enfin, on est sûrs que d'une seule, pour les deux autres on suppose que les équipages volaient sur SPAD A).
SPAD A4 n°54 Esc Inc capturés par autrichiens.jpg

A noter, deux prototypes.

Le A3, doté de deux postes de tir et de pilotage. Vous en avez deux photos sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69160052.r=SPAD

Et le A 4 n°97, dont le mitrailleur a été remplacé par 3 mitrailleuses Colt fixes. On ne sait pas ce que les russes en ont fait au combat, en théorie pourtant cela aurait fait un bon chasseur lourd pour attaquer des biplaces.
SPAD A4 n°97 Esc Inc.jpg

DM

rakacha
Apprenti-Mécano
Apprenti-Mécano
Messages : 249
Inscription : 27 juillet 2009

Re: Batailles Aériennes n° 77

#60

Message par rakacha »

Avions 46 à 49.

Perso j'ai préféré celui avec son moteur rotatif en position "longitudinale" et les deux renvois d'angle ^^

larsenjp
Pilote Confirmé
Pilote Confirmé
Messages : 3089
Inscription : 03 août 2011

Re: Batailles Aériennes n° 77

#61

Message par larsenjp »

David M a écrit :Le SPAD A, pour ceusses qu'il intéresse.
Merci pour toutes des infos David. :notworthy

Donc le "coupable" s'appelle Louis Béchereau...

C'est toujours intéressant de voir comment un design apparait. En l'occurrence, c'est une réponse logique à un problème majeur de l'époque mais qui s'est avérée une fausse bonne idée à l'usage. Petite remarque, si je lis bien ton texte, la notion d'évaluation opérationnelle semble plutôt floue; les commandes ont l'air de précéder les RETEX du front (bien que ceux-ci aient finalement eu le dernier mot). Possible aussi que l"EM ait fait flèche de tout bois en espérant trouver la solution dans le tas des différents projets qui lui étaient proposés.

rakacha
Apprenti-Mécano
Apprenti-Mécano
Messages : 249
Inscription : 27 juillet 2009

Re: Batailles Aériennes n° 77

#62

Message par rakacha »

Et dans un cas comme celui de l'aviation à cet époque, il faut provoquer le RETEX ... Comme tu dis on essaie un peu tout et on voit ce qui en ressort.
Avatar de l’utilisateur

kekelekou
Pilote Confirmé
Pilote Confirmé
Messages : 2801
Inscription : 14 novembre 2005

Re: Batailles Aériennes n° 77

#63

Message par kekelekou »

En pleine lecture! C'est passionnant, du coup il va me falloir commander les numéros sur 1914 et 1915 maintenant...
Juste une petite remarque, il manque le nord et l'échelle sur certaines cartes.
Mais ça n'enlève à la haute tenue du magazine! Bravo
Image

larsenjp
Pilote Confirmé
Pilote Confirmé
Messages : 3089
Inscription : 03 août 2011

Re: Batailles Aériennes n° 77

#64

Message par larsenjp »

rakacha a écrit :Perso j'ai préféré celui avec son moteur rotatif en position "longitudinale" et les deux renvois d'angle ^^
Le SM1? Effectivement, celui-là est bien aussi. Je suppose que l'idée est toujours de dégager le champ de tir mais le design est assez ébouriffant.
L'ingénieur Moineau n'a pas dû, lui non plus, beaucoup voler... :exit:

Sinon, très très intéressant. Le chapitre sur les attaques des Zeppelins permet de se rendre compte que les transmissions et la guerre "électronique" étaient bien présentes dès le départ ou presque. Il permet aussi de se rendre compte que les Allemands n'étaient pas toujours si rationnels que ça; leur entêtement, du moins celui de la Marine, à mettre en ligne ces dirigeables malgré les RETEX très défavorables et leur coût exorbitant est plutôt étonnant.
Avatar de l’utilisateur

kekelekou
Pilote Confirmé
Pilote Confirmé
Messages : 2801
Inscription : 14 novembre 2005

Re: Batailles Aériennes n° 77

#65

Message par kekelekou »

larsenjp a écrit : les Allemands n'étaient pas toujours si rationnels que ça; leur entêtement, [...] malgré les RETEX très défavorables
C'était surtout l'ensemble des états-majors qui était totalement irrationnels, avec leurs assauts massifs pour des résultats infimes. J'ai été consterné de lire les nombres de morts des batailles décrites dans le mag :crying:
Et dire qu'il y a encore des rues nommées en l'honneur de ces "glorieux" personnages...
Image
Avatar de l’utilisateur

garance
Pilote Confirmé
Pilote Confirmé
Messages : 2368
Inscription : 21 novembre 2013

Re: Batailles Aériennes n° 77

#66

Message par garance »

kekelekou a écrit :Et dire qu'il y a encore des rues nommées en l'honneur de ces "glorieux" personnages...
Si le sujet vous intéresse il y a un petit bouquin édifiant sur le sujet écrit par un historien spécialiste de la première guerre mondiale malheureusement disparu: Pierre Miquel
"Le gâchis des généraux"

tout y est
Avatar de l’utilisateur

David M
Apprenti-Mécano
Apprenti-Mécano
Messages : 243
Inscription : 25 mars 2014

Re: Batailles Aériennes n° 77

#67

Message par David M »

Salut à tous,

Pour le seul plaisir de faire s'arracher les cheveux à Tubs qui a préparé avec soin son petit PdF ; je voulais développer ce que je n'ai fait qu'esquisser en quelques lignes, faute de place : l'aviation navale autrichienne.

L'Autriche-Hongrie est un empire autoritaire avec une très faible base industrielle, une armée multiethnique à la cohésion fort limitée. Par conséquent, la production aérienne est très limitée et les forces aériennes très réduites... Et dans une escadrille, on trouve des Autrichiens, des Hongrois, des Tchèques, des Croates, des Polonais, des Serbes, et même des Italiens - certains devant se battre contre leurs "compatriotes" des nations en guerre contre l'Empire !

Ce qu'on a tendance à oublier, c'est que l'Empire Austro-Hongrois a une façade maritime. Pas énorme, se limitant à la façade de l'actuelle Croatie, de la ville aujourd'hui Italienne de Trieste jusqu'au Monténégro. Près du Monténégro, justement, se trouve les bouches de Kotor, une sorte de "fjord" profond pouvant abriter des navires. C'est une base navale stratégique pour la marine Austro-Hongroise ; l'armée se bat d'ailleurs à quelques dizaines de kilomètres plus au Sud en Albanie contre les Italiens. Pour ravitailler cette base, une route assez merdique - la liaison maritime est la plus usitée.

Quand l'Italie entre en guerre, la Mer Adriatique devient donc un champ de bataille. Comme pour la Marine Allemande, il n'y aura pas de grande bataille navale de navires de surface, qui restent prudemment dans leurs ports faire office de menace potentielle. Par contre, de nombreux affrontements de navires de guerre de petit tonnage : des torpilleurs légers (les MAS italiens, sorte de hors-bords armés de torpilles), des sous-marins, et aussi des hydravions.

Et là, l'Autriche-Hongrie a un "pôle d'excellence" avec son aviation maritime. Une petite base de pilotes compétents qui voit le feu en Serbie et au Monténégro dès 1914 et qui en 1915 a une bonne longueur d'avance sur l'aviation maritime italienne qui part de pas grand-chose. Leur appareils sont des hydravions à coque de la société Lohner.

Mais les italiens ont une bien meilleure industrie aéronautique. Ils ne vont pas tarder à rattraper leur retard : carrément copier un Lohner capturé le premier mois de la guerre, pour en faire le Macchi L1 !

En 1916, l'aviation maritime italienne monte en puissance. Mais à cette époque, l'aviation navale austro-hongroise fait encore largement jeu égal. Leurs bases principales :

- Trieste, station commandée par le linienschiffleutnant Gottfried Banfield.
- Pola, avec trois hangars d'hydravions rapprochés à Puntisella, l'île de Cosada, et l'île de Sta Catarina dans la baie de Pola.
- Sebenico (actuellement Šibenik), au milieu de la côte croate.
- Kumbor, dans les bouches de Kotor, tout près du Monténégro.
- Durazzo (actuellement Durrès, Albanie, annexe de la base de Kumbor plus proche du front).

A la fin de l'année 1916, on compte près de 85 hydravions en ligne répartis entre ces bases, sans compter les appareils d'école.

Leur première mission est de sécuriser les côtes de l'empire pour permettre que se réalise la navigation Trieste-Kotor, harcelée par les unités légères des marines italiennes / françaises / anglaises. Avec un certain succès : le 15 septembre 1916, Le 15 septembre 1916, un hydravion de la Kaiserliche und Königlische Kriegsmarine mène une patrouille de routine entre les ports de Durazzo et Kumbor. Immatriculé L132, il s’agit d’un Lohner pourvu d’un moteur de 160 ch et monté par l’équipage composé du Linienschiffleutnant Dimitrije Konjovic (pilote, un serbe) et du Fregattenleutnant Maximilian Sewera (observateur). À 10 milles nautiques au sud-ouest du cap Ostro, la clarté de la mer Adriatique permet aux deux hommes de découvrir un sous-marin immergé surveillant la côte, qui se trouve être le Foucault, de nationalité française. Ils rentrent aussitôt à leur base pour rendre compte à leur hiérarchie qui leur apprend que le navire ne peut être qu’un ennemi. Ils redécollent alors aussitôt accompagnés de l’hydravion L 135 monté par les Fregattenleutnant Walter Zelezny (pilote, fils d'un célèbre sculpteur viennois d'origine tchèque ) et Otto Freiherr von Klimburg. Zelezny témoignera de la rencontre: “Chaque hydravion était armé de deux charges de profondeur de 50kg et de quatre bombes de 20 kg. Les charges de profondeur étaient particulièrement efficaces car elles explosaient à 10 m sous la surface. Notre appareil de visée était une simple équerre en laiton avec une graduation (...). Nous avons volé au compas vers la position indiquée. Volant en cercles à 800m d’altitude, nous avons cherché pendant une heure et demie sans trouver notre cible. Pour passer le temps je regardais Klimburg qui montrait son nez et reniflait, suggérant qu’il allait rechercher l’objectif au flair. Il riait et sortait sa tête du fuselage en reniflant un nouveau cap. Mais soudain il est devenu tout excité et s’est penché vers la droite. Ma vue était obstruée dans cette direction où je ne voyais rien, si bien que, croyant qu’il plaisantait toujours, je l’ai ignoré. Mais ses gestes m’ont vite convaincu qu’il était sérieux et qu’il avait repéré le sous-marin ennemi. J’ai fait piquer notre hydravion jusqu’à une altitude de 200 m. Nous l’avons perdu de vue pendant la manœuvre mais l’avons vite retrouvé. Nous avons visé et lancé nos charges de profondeur. Manqué! Les bombes ont éclaté à environ 7 m du navire, une à l’avant et une à l’arrière. La mer n’a pas tardé à redevenir calme, et nous avons cherché en vain notre ennemi. À l’exception de quelques taches d’huile il n’y avait rien à voir. Après une demi-heure, juste avant d’abandonner nos recherches, nous l’avons vu faire surface. J’ai mis l’hydravion en vol au ras des flots pour survoler le sous-marin endommagé sur lequel nous avons largué une bombe qui a projeté une partie de l’équipage par-dessus bord. Le sous-marin commençait à couler et a vite disparu dans les profondeurs de la mer. Son équipage nageait dans les eaux froides. Il était facile de voir que leur combat contre les éléments n’allait pas durer longtemps. Ils n’étaient maintenant plus des ennemis, mais des marins naufragés, des marins que nous devions secourir. Nous avons alors décidé d’amerrir. Les L 132 et L 135 se sont posés avec précision entre les marins qui nageaient pour les sauver d’une noyade certaine. L’excitation de la demi-heure écoulée dans leur navire endommagé les avait tellement épuisés qu’ils avaient à peine la force de s’agripper à nos appareils. Klimburg les a aidés à grimper à bord et j’ai laissé le moteur tourner face au vent dans cette mer qui s’agitait. Ils se sont assis sur la coque, les ailes et sous le moteur.
L 135.JPG
L 135.JPG (81.31 Kio) Consulté 4331 fois
Tous les marins français ont pu être sauvés : un dénouement heureux pour ce qui est la première victoire de l'histoire remportée par un avion contre un sous-marin !

Les appareils des bases de Durazzo interviennent quelquefois sur le front albanais, où ils font face aux appareils italiens.

Ceux des trois bases autour de Pola font de fréquentes attaques sur le littoral italien, et en particulier des bombardements sur Venise (la ville n'est pas qu'un lieu touristique, mais aussi une base navale italienne de premier plan).

Et ceux de Trieste interviennent directement sur le front de l'Isonzo, situé à quelques kilomètres - non à mitrailler les tranchées, mais attaquer les navires italiens, voire les ballons captifs du front, tout en faisant la chasse aux appareils ennemis bombardant la ville. C'est là que se bat Gottfried Banfield sur un hydravion qu'il a bricolé pour la chasse : il a déniché la cellule d'un hydravion de course, qu'il a équipé d'un puissant moteur en ligne de 145 chevaux. Devant lui, il fixe une mitrailleuse Schwarloze de 8 mm, qui n'est pas gênée par une hélice.
Lohner L 16.jpg
Et il va obtenir des résultats, contre des hydravions français et bombardiers italiens. A la fin de l'année 1916, il a été décoré par l'Empereur François-Joseph lui-même, et a obtenu 8 victoires aériennes. Il est le seul as de l'Empire Austro-Hongrois à cette époque, alors qu'aucun pilote des escadrilles terrestres n'a atteint les 5 victoires fin 1916.

Fin 1916, des hydravions de chasse "de série", des Hansa-Bradenburg CC, commencent à être livrés à la base de Trieste.

J'essaierai de vous livrer une carte prochainement pour situer tout ça...

DM
Avatar de l’utilisateur

David M
Apprenti-Mécano
Apprenti-Mécano
Messages : 243
Inscription : 25 mars 2014

Re: Batailles Aériennes n° 77

#68

Message par David M »

Voici une carte, afin d'y voir un peu plus clair.

Précision : toutes bases représentées ici ont des postes de relâche disséminés sur la côte - je n'ai représenté que les bases principales.
Carte Adriatique Aéronavale KuK réduit.jpg
Carte Adriatique Aéronavale KuK réduit.jpg (929.17 Kio) Consulté 4344 fois
En prime, une photo d'un hydravion Lohner du type de ceux utilisés en 1916 :
L-061.jpg
L-061.jpg (101.67 Kio) Consulté 4344 fois
Et un des tout premiers hydravions de chasse, les Hansa-Brandenburg CC :
A-016 réduit.jpg
A-016 réduit.jpg (625.22 Kio) Consulté 4344 fois

DM
Avatar de l’utilisateur

David M
Apprenti-Mécano
Apprenti-Mécano
Messages : 243
Inscription : 25 mars 2014

Re: Batailles Aériennes n° 77

#69

Message par David M »

Quelques mots sur les Italiens, qui construisent de leur côté leur force aéronavale vitesse grand V. Leurs bases aériennes se construisent à Grado, Venise, Porto-Corsini (Delta du Po), Ancone, Varano (promontoire du Gargano), Brindisi et Valona (Vlora) en Albanie.

A leur entrée en guerre le 24 mai 1915, ils partent de rien ou si peu : quelques appareils épars à la fiabilité douteuse. L'aide de l'aviation maritime française, avec le CAM Venise et ses 6 FBA Gnome 100 hp, plus les 3 hydravions Nieuport de Brindisi, est la bienvenue.

Puis ils produisent leur copie du Lohner, le Macchi L 1, qui est livré dès le mois de septembre 1915 - 28 au total au 31 décembre 1915, il y en aura 122 autres en 1916 - dont le dérivé L 2, suivi du L 3 très éloigné du Lohner original.
Macchi L1-153 réduit.jpg
Macchi L1-153 réduit.jpg (747.82 Kio) Consulté 4333 fois
Ils utilisent également des FBA français, remotorisés avec un moteur italien Isotta-Frachini, dont les premiers arrivent au mois d'août 1916 à Venise. La production sera lancée sous licence dans plusieurs usines italiennes, qui en produiront près d'un millier durant toute la guerre.
FBA H n°203 réduit.jpg
FBA H n°203 réduit.jpg (332.78 Kio) Consulté 4333 fois
Fin 1916, en même temps que les Autrichiens, est dessiné chez Macchi un hydravion de chasse, M-5, qui sera livré en unité à l'été 1917. Il y aura à ce moment une guerre aérienne entre hydravions de chasse - fait unique dans l'histoire de l'aviation.

Cette guerre aérienne, les Italiens vont la gagner - pas étonnant, d'ailleurs, vu le brio de leurs pilotes tels que le tenente Marco Pagot !
porco-rosso-1.jpg
porco-rosso-1.jpg (26.67 Kio) Consulté 4333 fois
:banana: :banana: :banana:

DM
Avatar de l’utilisateur

phoenix
Pilote Philanthrope
Pilote Philanthrope
Messages : 14927
Inscription : 05 août 2001

Re: Batailles Aériennes n° 77

#70

Message par phoenix »

Excellent d'avoir mis Porco rosso. :yes:

Au vu de toutes ces informations et photos, il ne serait pas possible de faire un supplément regroupant toutes ses informations ?
Avatar de l’utilisateur

Topic author
Kamov
Pilote émérite
Pilote émérite
Messages : 9786
Inscription : 29 juillet 2008

Re: Batailles Aériennes n° 77

#71

Message par Kamov »

phoenix a écrit :Excellent d'avoir mis Porco rosso. :yes:

Au vu de toutes ces informations et photos, il ne serait pas possible de faire un supplément regroupant toutes ses informations ?
Oui c'est vrai que c'est dommage de voir toutes ces informations passer à la trappe
Dernière modification par Kamov le lun. août 01, 2016 3:25 pm, modifié 1 fois.
J'ai refait tous les calculs... notre idée est irréalisable, il ne nous reste qu'une chose: la réaliser!
Pierre Georges Latécoère

Image
Avatar de l’utilisateur

Tubs
Chef de patrouille
Chef de patrouille
Messages : 4673
Inscription : 03 août 2001

Re: Batailles Aériennes n° 77

#72

Message par Tubs »

David M a écrit :Pour le seul plaisir de faire s'arracher les cheveux à Tubs qui a préparé avec soin son petit PdF
Même pas mal! :tongue:

Je suis en plein "Mediterranean Air War" de Shores & Cie, je penserai donc à ce pdf qu'une fois la lecture de ce BA vraiment commencée ;)

larsenjp
Pilote Confirmé
Pilote Confirmé
Messages : 3089
Inscription : 03 août 2011

Re: Batailles Aériennes n° 77

#73

Message par larsenjp »

Tubs a écrit :Je suis en plein "Mediterranean Air War" de Shores & Cie, je penserai donc à ce pdf qu'une fois la lecture de ce BA vraiment commencée ;)
Vu la taille du pavé, pas avant un petit moment donc. :emlaugh:
Avatar de l’utilisateur

Tubs
Chef de patrouille
Chef de patrouille
Messages : 4673
Inscription : 03 août 2001

Re: Batailles Aériennes n° 77

#74

Message par Tubs »

D'ici là David nous aura surement encore donné de quoi lire :biggrin:

larsenjp
Pilote Confirmé
Pilote Confirmé
Messages : 3089
Inscription : 03 août 2011

Re: Batailles Aériennes n° 77

#75

Message par larsenjp »

C'est quasi certain :Jumpy:
Répondre

Revenir à « Biblio Aéro »