Tir accidentel d'un AMRAAM en Estonie

[DeeJay]

Je me pose une question : dans l'explosion d'un missile, hors coup direct (donc fusée de proximité), qu'est ce qui fait le plus de dégats à la cible ? Les morceaux ou la déflagration elle-même ?

Comme le souligne Jojo, la déflagration n'a pratiquement aucun effet voir aucun effet.

[peb]

Oui, la raison pour une très grosse partie des choix présentés en terme d'ogive (surtout la forme des pointes, si elles sont pleines ou pas et la répartition de la masse), c'est la balistique terminale (donc en décélération rapide et avec changement de forme de la munition, parce qu'on est dans la cible). Avec comme soucis que pour une balle/obus flèche, l'effet sur la cible est purement cinétique. Pour un missile, c'est la charge militaire embarquée qui fait ce boulot. Une déflagration n'est pas très rentable pour une munition air-air (cible peu blindée, il faut pouvoir faire des dégâts depuis assez loin, on n'est pas en milieu confiné), en général le design part plutôt sur la projection de shrapnel (comme la majorité des obus/bombes anti-personnel, pour les mêmes raisons).

Une onde de choc est uniquement dépendante des caractéristiques de l'écoulement. La forme de l'objet va avoir un gros impact (tout changement dans la direction/vitesse d'un écoulement entraîne la création d'un choc plus ou moins important). Pas d'effet notable des frottements a priori. La taille de l'objet joue (nottamment le rapport section/longueur)

Effectivement, est-ce que les témoins peuvent faire la différence entre un bang supersonique et l’auto-destruction du missile ?

Étant donné que c'est exactement le même phénomène physique (mais créé de manière différente), je pense qu'il faut de l'expérience pour faire la différence. Le boom d'un objet supersonique est initialement double, mais je ne sais pas jusqu'à quelle distance c'est perceptible (sachant que ça va dépendre de la longueur de l'appareil et d'autres facteurs). Pareil, une détonation pourra être bien plus violente, mais a priori perdra plus en amplitude avec la distance qu'un cône de Mach.

[jojo]

Il me semble que le double bang d’un avion est créé par le cône de nez de l’avion puis par le bord d’attaque/ emplanture de l’aile qui créer la seconde onde de choc.

Je ne sais pas si les gouvernes d’un missile peuvent créer une 2ème onde de choc ou si elle sera perceptible ou confondue avec la première du point de vue de l’auditeur (missile bien plus petit que l’avion).

A titre d’exemple de confusion, j’étais dans un amphi de l’université Paul Sabatier à Toulouse quand l’usine AZF a pété. De l’interieur du bâtiment, ça ressemblait effectivement à un bang supersonique (j’ai connu ça gamin à Cambrais).

PS: je ne croyais pas à cette hypothèse à cause de l’aéroport. Il a fallu quelques minutes avant qu’on soit autorisé à quitter la salle et qu’on constate le dégâts, puis qu’on trouve une télé pour choper les infos. Pas internet sur les téléphones à l’époque.

On a pu constater que les bâtiments n’étaient pas impactés de la même manière suivant leur orientation.
Une onde de choc propage une surpression suivie d’une dépression. C’est plutôt cette dernière qui fait des dégâts. Certains stores roulants avaient été expirés vers l’extérieur, ce qui est plutôt contre-intuitif

[peb]

Pour le double bang, la deuxième est créée juste en aval en fait. On peut voir ça là sur une balle par exemple:


Globalement, sur un avion/missile tu vas en avoir un juste en amont du nez, un en aval de l'avion, et des chocs plus ou moins forts juste en amont de chaque aile/dérive (et à chaque fois que tu élargis le profil de l'avion en gros)

Tiens, intéressant pour le verre qui a lâché vers l'exterieur. En gros, au passage du choc d'une détonation tu vas avoir un pic intense mais bref à haute pression, suivi d'une dépression moins intense mais plus longue. Peut-être un effet d'amplification de l'onde de choc à l'intérieur des bâtiments ?

Dès qu'on se retrouve en milieu confiné, les ondes de choc commencent à interagir avec les parois et peuvent se combiner et s'amplifier (une des causes des dégâts plus importants créés par les explosifs brisants ou bombes thermobariques dans un milieu fermé).

PS: si vous voulez voir de jolies images d'onde de choc autour de profils divers et variés, la technique de visualisation traditionnelle, bien qu'indirecte (ça permet aussi de voir les dégagements de chaleur par exemple, ça peut être rigolo de voir l'air chaud qui monte au-dessus de sa main) est le Schlieren (ou strioscopie en français).

[jojo]

Je ne parlais pas des vitres (il y en a bien eu quelques unes de cassées, mais elle sont plutôt tombées verticalement), mais stores roulant en PVC, arrachés de leur rails vers l'extérieur.

[jim]

Au début José voulait faire defection avec l'avion complet mais les popovs lui ont dit de garder son épave et de n'envoyer que la bûche !

...muy bueno !!

[Milos]

Pour le double bang, la deuxième est créée juste en aval en fait. On peut voir ça là sur une balle par exemple:

Intéressant. On voit une onde de choc à chaque changement de forme de la balle. La pointe, la partie large et la queue.

[peb]

Au vu de la géométrie, celle du milieu est une onde de détente (à son passage la pression descend, exactement l'inverse de l'onde de choc en fait). La technique de visualisation utilisée ici (strioscopie) permet de voir la variation de densité de l'air, liée aux variations de pression, mais ne donne pas le signe de cette variation.

C'est une particularité des écoulements supersoniques: un changement dans l'écoulement, même si c'est juste une légère déviation, va donner lieu à des ondes de choc/de détente.