Acte I :
L'Usine Boeing d'Everett est une usine géante située sur la côte Ouest, au nord de Seattle, juste en dessous de la frontière Canadienne. Elle a été construite il y a 50 ans pour faire l'assemblage final du 747 , et aggrandie depuis. Elle emploie, avec un travail en continu, 35.000 personnes au total . Ici c'est "Boeing Country", il y a des dizaines d'autres milliers de personnes qui travaillent pour l'avionneur, sur plusieurs sites, un peu partout autour de Seattle.
Actuellement, elle abrite les chaines de montage final des "wide bodies" de Boeing, 747, 767, 777 et 787, soit quelque deux douzaines d'avions par mois au total. Chacun de ces modèles dispose d'une ou plusieurs "baies" dans l'ensemble des halls de montage, réputé être le plus grand bâtiment du monde. Ici Boeing fait le montage final de ces modèles: les pièces, sous ensembles et ensembles sont fabriquées un peu partout ailleurs et convergent ici par camion, par rail, par mer (juste à côté) et avec les 747 modifiés ("hot dog volants") pour les gros sous ensembles, fuselages ou voilures.
On arrive au Visitor Center, de l'autre coté de la piste par rapport à l'usine, qui comprend un hall d'accueil et inscription, une petite expo, un petit resto, et deux magasins de souvenirs, business oblige... Une fois inscrit, passage dans une salle de cinéma pour un petit documentaire et un briefing pré-visite, ensuite on monte par groupes de 50 dans des bus, et c'est parti.
En pratique on va faire un vaste tour des installations dans le bus, mais en passant tout de même juste devant les avions en cours de préparation au vol, qui sont alignés dehors. On remarque le premier ravitailleur KC 46 pour l'Air Force, qui est présenté comme en préparation au vol (depuis un moment, alors...), c'est le seul avion tout gris, les autres sont décorés aux couleurs, de plus en plus flashy, des compagnies clientes.
Le Bus s'arrête 2 fois pour nous permettre de visiter deux des baies de montage final. En fait on ne va pas rentrer dans les halls et se promener au pied des avions, on... descend dans des tunnels qui nous amènent au centre des halls, puis on prend des ascenseurs qui nous montent sur des grands balcons d'observation (ce n'est pas ubique à Boeing...).
D'abord, le Hall ou sont assemblés des avions "special missions" dont par exemple les derniers 747, essentiellement des cargos. On sent l'aménagement et l'organisation qui date des années 70, c'est asez vieillot et encombré, mais il n'y a plus beaucoup de 747 à faire...
Dans l'autre hall , le balcon domine les chaines de montage, d'un côté du 777, de l'autre du 787, les deux principales productions du moment. Ces chaines sont encore "classiques", pas d'avancement continu (ça c'est pour le 737), mais on voit bien que l'agencement et l'organisation ont progressé, d'abord avec le 777 et surtout avec le 787 dont la chaine paraît très propre et très ordonnée. Une chose qui m'étonne, c'est que finalement on ne voit pas beaucoup de monde en bas, autour des avions.
Bref, c'est impressionnant par la taille, mais on survole plus qu'on ne visite et c'est clair que Boeing ne nous montre rien de sensible ni de compromettant.
A la fin de la visite, le bus nous redépose devant le Visitor Center dans lequel on rentre... en passant par la boutique de souvenirs
ou il y a de quoi se rhabiller des pieds à la tête tout en estampillé Boeing et de quoi réquiper une partie de sa cuisine avec des mugs, verres, et autres articles tout aussi siglés Boeing. Chaque modèle d'avion a sa ligne complète de produits !Bref, une visite pas désagréable mais tout de même assez généraliste... En tout cas, ça ne désemplit pas !
Acte II :
L'autre grande usine Boeing est à Renton plus au sud et plus près de Seattle, elle est actuellement consacrée au montage final du "narrow body" 737 mais on ne la visite pas. On passe devant quand on circule dans le coin et on voit bien qu'elle est monumentale aussi.
Un peu plus loin, on tombe sur l'aérodrome de Paine Field, qui est le lieu historique des activités Boeing dans la région, et qui est toujours entouré d'usines et d'ateliers qui participent aux programmes en cours. Surtout, c'est toujours une piste d'essais toute proche de Renton et on peut voir s'y poser les 737 produits à forte cadence et en essais avant livraison.
Il y a là le musée aéronautique local, très orienté Boeing évidemment. D'un côté de la route un grand hangar (enfin, juste un toit, ouvert sur les côtés, étonnant vu le climat de la région...) avec plein d'avions Boeing historiques dont les premiers protos des 727, 737 et 747, plus les B 17, B 29 et B 47, etc... mais aussi plus étonnant un Concorde ! De l'autre côté de la route, un musée plus classique avec le hall des avions Boeing plus anciens, un hall avions WWII, des expos plus thématiques. Ainsi, au milieu de cette partie du Musée, on ne peut pas rater le bâtiment en bois qui date des années 1920 et qui a été le premier atelier de la Société Boeing... Cet atelier a été rééquipe avec les machines et outillages de cette époque ou les avions étaient en bois... Une reconstitution sur le même principe que "l'Atelier des Frères Voisin" du Musée de l'Air, pour donner une idée.
Bonus dans ce musée, un petit restaurant presque au bord de la piste, idéal pour voir arriver ou passer les 737 en essais et le trafic privé local, abondant et diversifié. La piste est tout près, comme au bon vieux temps... Et sur le bout de pelouse entre le restaurant et la piste, des petits lapins déambulent tranquillement, ils ont compris que les Boeing n'étaient pas des oiseaux de proie...
Acte III :
Changement de lieu, 3000 km plus à l'est, changement d'époque, 75 ans en arrière, mais toujours avec du Boeing...
Nous sommes cette fois ci au Yankee Air Museum, à Willow Run Airport, Ypsilanti, quelques km à l'ouest de Detroit. Le lieu a abrité pendant la deuxième guerre une des usines géantes (bomber plant) qui construisirent des avions à forte cadence pour l'USAF, les B 24 ici. C'est là que travaillait Rosie the riveter, figure emblématique de toutes les girls qui ont planté des rivets pour produire les avions de la victoire, pendant que les boys étaient en Europe et dans le Pacifique... une expo lui est d'ailleurs consacrée dans le petit musée aéronautique local.
L'aérodrome et son emprise sont toujours là, la grande usine a été pour l'essentiel démolie, il subsiste quelques bâtiments dont celui qui abrite la branche "vol" du musée, qui comprend actuellement, outre le B 17, un B 25, un C 47, et un biplan Waco. Ces avions sont en état de vol et certifiés pour accueillir des passagers, cas de 5 B 17 seulement sur une dizaine de préservés. en état de vol. C'est sur ce B 17 "Yankee Lady" que je vais voler !
Tout autour de l'aérodrome, d'autres installations "abritent" des petites compagnies aériennes dont ni vous ni moi n'avons jamais entendu parler, qui font apparemment du transport cargo à la demande avec des avions assez anciens, dont plusieurs Boeing 727, ce qui ne nous rajeunit pas...
Revenous à notre vol... Après un petit briefing à la sortie du hangar, on se dirige vers l'avion pour embarquer, attention c'est plus compliqué que dans un Airbus, faut un peu de gymnastique pour grimper dans l'avion avant de s'installes sur un des sièges (pas d'origine) disposés à l'intérieur de la cabine. Une fois les 12 passagers bien sanglés, démarrage des 4 moteurs, puis on se dirige vers la grande piste. Surprise, on met environ 30 secondes à décoller, comme pour des avions beaucoup plus récents !
Une fois l'avion à quelques centaines de m d'altitude, on peut se détacher, changer de place avec les autres passagers, et visiter l'avion dans tous ses recoins. Le B 17 n'est pas si vaste, il y a encore de la place dans le fuselage central mais partout ailleurs c'est serré ! Et les mitrailleuses de 12,7, toutes présentes, prennent de la place... Mais les passagers, tous des old gentlemen, tournent harmonieusement entre les différents postes. Mention spéciale au passage sur le "catwalk" qui relie l'avant à l'arière, par dessus la soute à bombes... anisi qu'à l'astrodome, juste devant le cockpit, depuis lequel on peut faire coucou aux pilotes qui sont juste derrière... Etonnament, l'avion n'est pas si bruyant que ça.
Le spectacle est aussi à l'extérieur, car on fait le tour de la région autour d'Ann Arbor, pas très haut finalement, le temps est splendide et on a donc une superbe vue sur l'Amérique moyenne qui défile en dessous. Il y a de la place aux USA, et les constructions et agglomérations sont largement déployées et réparties...
Le temps passe vite, l'avion se présente à Willow Run, c'est le signal de se rasseoir et de se re-sangler, un atterrissage en douceur et on rejoint le stationnement devant le grand hangar. Descente de l'avion, photos, échanges d'impressions et l'équipage suivant se présente pour embarquer. Je ne sais pas exavtement combien de vols l'avion aura effectué ce Dimanche là, mais j'ai assisté au départ et à l'arivée du vol précédent, et au départ du vol suivant, et il y en a eu d'autres. Pendant ce temps là, le Waco rouge a fait lui aussi ses rotations... mais avec un passager à la fois.
Bref, une expérience des plus agréables, un vol assez court, par très beau temps, et personne ne nous tirait dessus... évidemment, les vols de 10 heures, les météos pourries, avec les chasseurs et la flak, on se doute bien que ça devait être mois drôle... on les a juste un peu évoqués aujourd'hui !
Acte IV :
L'Air Force Museum, à Dayton, expose, parmi ses nombreus trésors, beaucoup d'avions issus de la Société Boeing, mais bien entendu, "pas que...".
Ce Musée est une surprise pour moi, car il est consacré à l'US Air Force, il n'y a pas d'avions civils, très peu d'avions étrangers, ... et surtout, surtout, aucun avion de la Navy
mais il est quand même absolument énorme, tant par le nombre et la diversité des avions que par la taille de certains d'entre eux.Les visiteurs sont accueilllis à l'entrée par un Starfighter monté sur un pylone... Il en jette toujours !
Le Musée lui même est une succession de grands bâtiments ressemblant à des hangars mais en plus grand. Chaque bâtiment est consacré à une époque ou à un thème.
C'est dans le premier, consacré à le Première Guerre, qu'on trouve le seul avion Français, un Spad XIII, et encore, il est là parce que les aviateurs US ont combattu avec vers la fin du conflit...
Une grande place est faite ensuite , dans un très grand bâtiment, aux avions de la deuxième guerre. Je ne vous les citerai pas tous mais ils y sont tous. Il y a même un certains nombre d'invités non US, surtout représentatifs du début de la guerre, les US étant rentrés à la mi-temps.... (il y a même un Italien dans le lot). Mais l'essentiel de la gallerie montre les avions, petits et gros, qui ont constitué le rouleau compresseur aérien américain qui, a partir de 1942, a écrasé les adversaires et gagné le conflit.
Un bâtiment est consacré à la guerre de Corée et un autre grand bâtiment à celle du VietNam. Ces deux conflits ont mis en oeuvre côté US une énorme variéte de machines diverses voire improbables... c'est aussi entre ces deux bâtiments qu'on retrouve toute la lignée des MiG 15, 17, 19, 21, 23 et 29.
Dans ces différentes galleries, on trouve des avions qui sortent de l'ordinaire par leur taille, les B-36, B-47, B-52, ainsi que le seul B-70 Walkyrie survivant (si quelqu'un essaye de vous en vendre un sur le web pour votre musée, méfiance) ... Le seul F-111 présent, lui, est relégué dans un coin d'une des salles, pas bien visible, cet avion pas très aimé...
Dans le bâtiment consacré à l'USAF contemporaine, les avions furtifs en bonne place, les F-117, B-2, B-1... mais visiblement sans leurs revêtements absorbants qui ont du être éliminés, avant repeinture avec des gris resssemblants... Il y a un F-22, splendide, mais... pas encore de F-35
Dans cette catégorie, il y a aussi le proto YF-23... qui s'en souvient ?
Mention spéciale à la gallerie qui rassemble les avions Présidentiels, les différents Air Force One et leurs prédécesseurs, je ne me souvenais pas qu'il y en avait eu autant de modèles... tous bien briqués et lustrés: faut que ça brille !
A côté d'eux, la collection des "Biz Jets" de tous poils achetés par l'USAF pour des missions très diverses comme liaison et entraînement ou peut être d'autres moins avouables.
Au centre du Musée, beaucoup moins chatoyante, nettement plus sinistre, la galerie rassemblant les ICBM de l'Air Force. Je ne savais pas qu'ils étaient aussi gros. Ils ne rigolaient pas, à l'époque...
Au cas ou on n'en aurait pas asez vu, une salle de cinema avec un grand écran panoramique présente des films de 30 à 60 minutes chacun, et évidemment il y a la grrrande boutique de souvenirs, et un restaurant ( pas gastronomique pour un sou, nobody's perfect ).
Jusqu'à présent, les deux Musées aéronautiques de Washington étaient les plus impressionnants et les plus beaux que j'avais visités. Sur un thème et dans un style différents, l'Air Force Museum est largement au même niveau !
Le Yankee Lady et le Waco (je ne sais pas pourquoi elles sont sorties comme ça...) :
