Question technique: vol en formation Sturmovick

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Jhon92
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Question technique: vol en formation Sturmovick

#1

Message par Jhon92 »

Dans le cadre d'un récit historique en préparation, je me suis amené à me poser une question de vraisemblance.
Voici la partie du récit :
Prolétaires aviateurs de tous les pays, unissez-vous !
« Aujourd’hui, c’est jour de défilé et de récompense. La récompense de notre esprit de corps, soudé dans le sang de nos victoires. On reçoit le général Petit et le colonel Levandovich, qui aurait été l’artisan de notre arrivée sur le front. Parade en rang serrés mixtes franco-soviétiques, sous les ailes de quelques camarades : d’abord les Pe-2 du Lons, puis nos MiG du Besançon – les Lions du Belfort, notablement moins entraînés au vol en formation (les Sturmovik l’évitent, en général !) ferment la marche.
… »

Je conçois que les Sturm n’attaquent pas en formation. Contre la flak, voler groupés, comment dire …
En revanche pour arriver sur zone et se protéger des avions ennemis et traverser des nuages, ils doivent voler en formation, à mon avis.
Je me trompe ou pas ?
Merci par avance pour vos avis éclairés.
EDIT:
Voici la réponse de l'auteur du récit suite à mon questionnement:
"On parle bien de 'formations serrées" - de celle justement qu'ont les bombardiers pour se couvrir de leurs mitrailleurs. Les Il2 ... Bof ... déjà qu'ils étaient parfois monoplaces ! En réalité, on a du mal à se rendre compte mais les Sturms décollaient très souvent au pied levé, pour aller larguer à 20 km avant de revenir charger - le tout 7 à 8 fois par jour. Alors ..."
Dernière modification par Jhon92 le mer. janv. 12, 2022 7:32 pm, modifié 1 fois.
Les deux secrets pour réussir un projet:
1. Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait (M. Twain)
2. Ne pas confondre facilité et simplicité aka théorie du barrage à merde (votre serviteur)

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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#2

Message par warbird2000 »

Je conçois que les Sturm n’attaquent pas en formation. Contre la flak, voler groupés, comment dire …
Cette affirmation me surprend

Je prend le fana HS 56 il-2 page 56
Lors des assauts consécutifs, les groupes de 20 à 30 avions arrivaient sur l'objectif
en colonnes de formation de quatre ou six avions . le groupe de tête piquait sur l'objectif et
et après avoir attaqué se formait en cercle pour une deuxième passe de tir. Les autres groupes suivaient
Maintenant au début de la guerre les il-2 étaient nettement moins nombreux et effectivement
les groupes d'attaque se composaient seulement de trois à cinq avions ( voir page 64 )
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Jhon92
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#3

Message par Jhon92 »

Merci Warbird, je transmet à l'auteur du récit
Au passage, j'ai édité mon message initial
Les deux secrets pour réussir un projet:
1. Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait (M. Twain)
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Jhon92
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#4

Message par Jhon92 »

warbird2000 a écrit :
mer. janv. 12, 2022 7:19 pm
Je conçois que les Sturm n’attaquent pas en formation. Contre la flak, voler groupés, comment dire …
Cette affirmation me surprend
Précision, c'est mon avis et non celle de l'auteur du récit. Pourquoi ai je écrit cela?
1. Souvenir de lecture de Clostermann: quand les typhoons attaquaient un aérodrome, ils avaient des trajectoires différentes pour "disperser" les tirs de flak: chaque typhy attaquait une batterie, la batterie s'occupait de ce typhy plutôt que l'ensemble des batteries puissent concentrer leurs tirs sur la même "zone" dans laquelle va passer plusieurs avions.
2. Sur le coup, j'ai pensé que c'était du bon sens.
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Teddy de Montreal
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#5

Message par Teddy de Montreal »

Jhon92 a écrit :
mer. janv. 12, 2022 8:06 pm
2. Sur le coup, j'ai pensé que c'était du bon sens.
Oui, moi aussi ça me semble de bon sens
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ergo
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#6

Message par ergo »

A Al Jaber on a essayé de faire une attaque de 2 groupes avec le même axe. On se demande encore comment on a récupérer tout le monde !
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#7

Message par Jhon92 »

ergo a écrit :
lun. janv. 17, 2022 8:27 pm
A Al Jaber on a essayé de faire une attaque de 2 groupes avec le même axe. On se demande encore comment on a récupérer tout le monde !
Les détails sont classifiés ?
si non, et que tu as le temps ...
je suis preneur
Les deux secrets pour réussir un projet:
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TOPOLO
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#8

Message par TOPOLO »

Il y a eu tout un article sur cette mission dans le HS du Fana sur le Jaguar...
Après sa lecture, j'ai fait une cure de Prozac de 8 semaines... :ouin: :exit:
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50H-Solo
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#9

Message par 50H-Solo »

Tout un paragraphe aussi dans un des bouquins de JP Otelli il me semble.
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Jhon92
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#10

Message par Jhon92 »

TOPOLO a écrit :
mer. janv. 19, 2022 9:34 am
Il y a eu tout un article sur cette mission dans le HS du Fana sur le Jaguar...
Après sa lecture, j'ai fait une cure de Prozac de 8 semaines... :ouin: :exit:
C'est ici:
http://212.158.133.54/_other/gulf/skeny ... 20Gulf.pdf
Les deux secrets pour réussir un projet:
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ergo
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#11

Message par ergo »

En gros, (et de mémoire) 12 JAg qui doivent bombardé la base arienne d'Al Jaber durant Desert Strom.
Prévu en 2 passe de 6 Jag, même axe avec un intervalle de quelques secondes.

Déjà les F-16 supposer passer avant (ou après, je sais plus) tape au moment même ou les jag passent, car les ricains n'ont pas respecter l'horaire et n'ont pas prévenu.
Le premier groupe de 6 JAG subit un tir nourri mais désordonné, et passe tant bien que mal sans encombre.
Le second groupe de 6 JAG passe 30 seconde après, toute la défense de la base est sur les dents, les affuts tournés dans le bon axe, c'est l'enfer sur terre pour les 6 pilotes.

Dans le lot, 4 seront touchés, 2 de façon somaires (trou dans les ailes, fuites de fluide), 1 perdra un moteur a cause dun SA-7 et en chiera comme un rat mort pour rentrer, et un dernier se retrouvera à la limite du coma, une balle d'AK-47 dans le casque, la gueule en sang, a rentrer miraculeusement.
Tout travail mérite son dû, n'est-ce pas "Oui Oui" ?
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Deltafan
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#12

Message par Deltafan »

ergo a écrit :
mer. janv. 19, 2022 12:21 pm
un dernier se retrouvera à la limite du coma, une balle d'AK-47 dans le casque, la gueule en sang, a rentrer miraculeusement.
Dans le DC-8 de l'armée de l'air qui nous amenait de Roissy à Ryad, il y a eu une escale à Al Ahsa, et il a été embarqué. Il avait droit à une place assise pour lui tout seul dans la partie avant de l'avion et aux petits soins de la préposée au service d'"hôtesse de l'air" pour notre voyage. Je me rappelle de son bandage sur la tête et des couvertures dans lesquelles il était emmitouflé.
Dernière modification par Deltafan le jeu. janv. 20, 2022 3:33 pm, modifié 1 fois.
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TOPOLO
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#13

Message par TOPOLO »

ergo a écrit :
mer. janv. 19, 2022 12:21 pm
En gros, (et de mémoire) 12 JAg qui doivent bombardé la base arienne d'Al Jaber durant Desert Strom.
Prévu en 2 passe de 6 Jag, même axe avec un intervalle de quelques secondes.

Déjà les F-16 supposer passer avant (ou après, je sais plus) tape au moment même ou les jag passent, car les ricains n'ont pas respecter l'horaire et n'ont pas prévenu.
Le premier groupe de 6 JAG subit un tir nourri mais désordonné, et passe tant bien que mal sans encombre.
Le second groupe de 6 JAG passe 30 seconde après, toute la défense de la base est sur les dents, les affuts tournés dans le bon axe, c'est l'enfer sur terre pour les 6 pilotes.

Dans le lot, 4 seront touchés, 2 de façon somaires (trou dans les ailes, fuites de fluide), 1 perdra un moteur a cause dun SA-7 et en chiera comme un rat mort pour rentrer, et un dernier se retrouvera à la limite du coma, une balle d'AK-47 dans le casque, la gueule en sang, a rentrer miraculeusement.
Tu peux ajouter à ça que les 2 groupes passent l'un derrière l'autre verticale des 2 plus grosses concentrations d'AAA du coin, connues et documentés de tous les planificateurs US, mais qu'il fallait quand même pas demander...

J'ai du mal à trouver les mots... et quand je pense que quand on en parle, on présente ça comme un succès, ce serait comme nommer une promotion d'école de cavalerie Azyncourt...
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jeanba
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#14

Message par jeanba »

Teddy de Montreal a écrit :
lun. janv. 17, 2022 7:17 pm
Jhon92 a écrit :
mer. janv. 12, 2022 8:06 pm
2. Sur le coup, j'ai pensé que c'était du bon sens.
Oui, moi aussi ça me semble de bon sens
La lecture du Fana est passionnante et permet de comprendre un peu:
Les pilotes d'Il2 montaient au front avec un entrainement beaucoup plus court que leurs confrères de l'ouest, et à vrai dire très insuffisant.
Donc pendant leurs premières missions, ils avaient pour consigne de suivre le leader et d'utiliser leur armement "comme lui".
Evidemment, les pertes étaient très lourdes et donc il fallait remplacer les pertes par de jeunes pilotes... et rebelotte
Donc leurs tactiques étaient pour ainsi dire els seules possibles compte tenu de leur faible entrainement.
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ergo
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#15

Message par ergo »

TOPOLO a écrit :
mer. janv. 19, 2022 1:54 pm
Tu peux ajouter à ça que les 2 groupes passent l'un derrière l'autre verticale des 2 plus grosses concentrations d'AAA du coin, connues et documentés de tous les planificateurs US, mais qu'il fallait quand même pas demander...

J'ai du mal à trouver les mots... et quand je pense que quand on en parle, on présente ça comme un succès, ce serait comme nommer une promotion d'école de cavalerie Azyncourt...
Je te rejoins à 100% sur ces aspects là.
On est passé à 1cm (au sens propre) d'un drame.
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Milos
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#16

Message par Milos »

TOPOLO a écrit :
mer. janv. 19, 2022 1:54 pm
ce serait comme nommer une promotion d'école de cavalerie Azyncourt...
Ben quoi ? A Azincourt, un chevalier français attaquant sur le flanc gauche a réussi à arriver jusqu'aux troupes de la Perfide Albion mais bon, comme il était tout seul ça ne s'est pas terminé tout à fait comme il avait espéré :emlaugh: Il était à deux doigts de faire plusieurs milliers de prisonniers :exit:
(\_/)
(_'.')
(")_(") "On obtient plus de choses avec un mot gentil et un pistolet qu'avec le mot gentil tout seul" Al Capone.

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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#17

Message par DR_Corse66 »

C'est dommage que dans le tableau du Fana qui liste les pilotes il n'y pas une colonne qui dise si le pilote est un "direct" ou pas... ^^

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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#18

Message par VG-35 »

Jhon92 a écrit :
mer. janv. 12, 2022 7:07 pm


… »[/color]
Je conçois que les Sturm n’attaquent pas en formation. Contre la flak, voler groupés, comment dire …
Ils n'attaquent pas en formation? Faut le dire vite...

Ci joint le schéma d'attaque par "carrousel" qui permet entre autres aux chtourmoviks de se protéger mutuellement:
Image

Sinon, les formations d'attaque des Il 2, vaste sujet... :emlaugh:

Knell
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#19

Message par Knell »

DR_Corse66 a écrit :
mer. janv. 19, 2022 6:45 pm
C'est dommage que dans le tableau du Fana qui liste les pilotes il n'y pas une colonne qui dise si le pilote est un "direct" ou pas... ^^
Facile, tout ce qui est au dessus de LTT est Direct :)
#avionmoche : Mais le F35 reste moche ...

Knell
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#20

Message par Knell »

ergo a écrit :
mer. janv. 19, 2022 12:21 pm
Dans le lot, 4 seront touchés, 2 de façon somaires (trou dans les ailes, fuites de fluide), 1 perdra un moteur a cause dun SA-7 et en chiera comme un rat mort pour rentrer, et un dernier se retrouvera à la limite du coma, une balle d'AK-47 dans le casque, la gueule en sang, a rentrer miraculeusement.
Je crois que Bonnaf n'aurait pas qualifié de sommaire le trou qu'il a eut dans le réservoir d'huile et donc le feu moteur qui en a suivi .....
Feu Moteur que lui a confirmé Mamel quand ils se sont retrouvé tt les deux dans le désert ....

https://www.pilote-chasse-11ec.com/guer ... -souvient/

From : https://www.facebook.com/dada2.11.4.11/

LA PREMIÈRE GUERRE DU GOLFE ; c’était il y a 31 ans
Il y a 31 ans, se déroulait la première guerre du Golfe. Un conflit qui opposait l’Irak à une coalition de 35 pays, dirigée par les États-Unis, du 2 août 1990 au 28 février 1991. Le 17 janvier 1991, l’opération Tempête du désert est lancée, après des mois de tensions suite à l’invasion du Koweït par l’​Irak.
En Irak, la majorité de la population est musulmane chiite tandis que dans le monde, la majeure partie des Arabes sont musulmans sunnites, soit 85%. Une distinction qui se fait à partir de 632. À la mort du prophète Mahomet, ceux qui choisissent Ali, le gendre du prophète comme successeur, deviendront les chiites. Tandis que ceux qui désignent Abou Bakr, le compagnon de Mahomet, seront les sunnites. De son côté, le Koweït est lui à majorité chiite.
La guerre Irak-Iran
De 1980 à 1988, l’Irak qui est dirigé par Saddam Hussein fait la guerre à l’Iran. Un conflit qui n’aura fait qu’affaiblir les deux territoires. Ce sont plus de 300 000 victimes qui sont recensées, militaires comme civils.
Le Koweït décide, dans les années 80, d’augmenter considérablement sa production de pétrole. Sans avoir consulté préalablement ses partenaires, dont l’Irak notamment. Ce qui fait baisser les prix du pétrole à l’échelle mondiale et par conséquent l’Irak ne perçoit plus autant d’argent qu’avant.
L’Irak envahit le Koweït
Alors le 2 août 1990, l’Irak décide d’envahir le territoire du Koweït et de mettre la main sur ses champs de pétrole. Cela marque donc le début de la première guerre du Golfe. Premier grand conflit depuis la Guerre Froide. Mais il ne faudra pas moins de 48h pour que le Koweït soit battu. Par ailleurs, l’ONU conteste immédiatement cette victoire.
Les États-Unis s’en mêlent alors. Ils proposent à l’Irak de lui laisser jusqu’au 15 janvier 1991 pour quitter le Koweït. Si cela n’est pas respecté, alors les Américains attaqueront. Des négociations vont alors s’en suivre.
À ce moment, la formation d’une très grande coalition commence à être mise en place par les Etats-Unis. Parmi ses alliés, l’Arabie Saoudite, la Turquie ou encore le Royaume-Uni. Mais une trentaine d’autres nations vont les rejoindre, notamment la France par exemple. C’est un million de soldats qui vont participer à ce conflit, dont la moitié sont des Américains. De son côté, l’Irak ne recevra l’aide d’aucune nation.
L’opération Tempête du désert
Le 16 janvier 1991, l’opération Tempête du désert est alors lancée. De nombreux bombardements éclatent en Irak. Plus de 2 000 avions alliés sont mobilisés pour détruire les infrastructures militaires et civiles de l’Irak. La stratégie est maintenant d’attaquer le territoire par la terre.
Mais les forces internationales écrasent l’armée irakienne en quelques semaines. Elles libèrent le Koweït et atteignent Bagdad. Ce qui force Saddam Hussein à établir un cessez-le-feu, le 28 février 1991. L’URSS aura notamment participé à inciter l’Irak à le signer. Ce qui marque la fin de la première guerre du Golfe.
Mais les suites de ce conflit sont nombreuses et lourdes de conséquences. Du côté des Américains, il n’y aura pas eu beaucoup de morts. En juin 1991, l’avocat Dominique Tricaud, membre de la Commission d’enquête « Vérité sur la guerre du Golfe », déclare estimer les pertes irakiennes à entre 35 000 et 45 000 morts pour les civils et à entre 85 000 et 110 000 morts du côté des militaires.
Une guerre du Golfe lourde de conséquences
Le territoire irakien va alors faire face à une très grande instabilité. Ce qui entraînera par conséquent, une guerre civile ainsi que la mise en place d’un embargo extrêmement dur pendant la décennie des années 1990. Plus d’un million de morts à l’issue de cet embargo. Par ailleurs, on soupçonne Saddam Hussein de détenir des armes de destruction massive, notamment des armes chimiques. On sait par ailleurs qu’il s’en est servi contre les populations kurdes ainsi que les populations chiites. Entre 30 000 et 60 000 personnes ont été massacrées. Au total, les pertes matérielles irakiennes représentent plus de 500 milliards de dollars.
En 2003, une seconde guerre du Golfe va éclater et ne prendra fin qu’en 2011. Menée par les Etats-Unis pour renverser Saddam Hussein. L’invasion mènera à la défaite rapide de l’armée irakienne, à l’arrestation et à l’exécution de Saddam Hussein ainsi qu’à la mise en place d’un nouveau gouvernement.
______________
17 JANVIER 2020 PAR 11 EC
SEUL AU DESSUS DU DÉSERT
Le commandant Bonnaffoux est affecté en mars 1980 à la 7ème Escadre de Chasse, à St Dizier. Il était encore lieutenant lors de la guerre du Golfe, où il a vécu une aventure qui aurait pu tourner au drame, à bord du JAGUAR A104. Ce témoignage ne laisse aucune équivoque sur les dangers et les difficultés auxquels furent confrontés les pilotes français sur ce théâtre d’opérations.
C’était le 17 janvier 1991. Je faisais partie des pilotes désignés pour la toute première attaque de l’Armée de l’Air contre des positions irakiennes au Koweït. J’étais initialement le seul pilote de la 7ème E.C à venir renforcer les pilotes de la 11ème E.C avant d’être rejoint par le Lieutenant Schwebel, après une défection d’un des pilotes du 2/11.
Notre objectif était la base aérienne d’Al Jaber, au centre de l’Emirat. Dans le cadre du partage des missions entre les Alliés, les Américains nous avaient demandé d’y rechercher et d’y détruire des stocks ou des emplacements de missiles sol/sol de type SCUD suspectés d’être équipés de charges chimiques. Notre dispositif était une formation de 12 jaguars, composée de 2 groupes de 6 avions qui devaient attaquer à quelques secondes d’intervalles, les 2 hangars centraux et les zones des hangarettes aux extrémités des pistes. La première patrouille de 6 Jaguars, indicatif Jupiter 01 était composée du Cdt Mansion, du Ltt Bolin, du Cne Depardon, du Ltt Schwebel, du Ltt devautour et du Ltt Christ. La seconde patrouille, indicatif Jupiter 11 était composée du Cne Pacorel, du Ltt Jurys, de moi-même, du Cne Houdet, du Cne Mahagne et du Cne Hummel. Notre armement était composé de bombes freinées de 250 kg et de bombes lance grenades BLG 66 Belouga avec des sous-munitions de type interdiction de zone afin d’empêcher les irakiens de déplacer leur SCUD.
Notre mission devait se dérouler à basse altitude, d’une part à cause de notre armement, et d’autre part afin d’échapper aux batteries de SAM (Surface to Air Missile) guidées par radar, la menace la plus dangereuse… Au moins, était-ce ce que nous croyions à ce moment-là, même si, en principe, les Américains avaient déjà détruit tous les centres de guidage et de contrôle des SAM (Surface Air Missile). Nous avons décollé d’Al Ahsa, notre base dans le désert d’Arabie Saoudite, il était de très bonne heure le matin, nous avions passé une nuit blanche suite aux incessantes alertes d’attaques missiles qui avaient débutées aux alentours de minuit. Après avoir ravitaillé, nous avons pris notre formation d’attaque, un triangle de trois patrouilles légères et nous sommes descendus en basse altitude pour rejoindre le point de recalage du calculateur de navigation avant de pénétrer au Koweït. Nous n’avions pas encore de GPS et le calculateur de navigation du Jaguar avait tendance à dériver un peu. Les 6 premiers Jaguars se sont retrouvés un peu plus à l’ouest du trait de navigation prévu ce qui dans un sens les a sauvés du déluge de feu que la deuxième patrouille a reçu. La frontière était bien délimitée au sol par une bande verte de culture, à peine l’avions-nous traversée, que notre univers a soudain changé. C’était comme si une ligne invisible avait été tracée sur le sable. D’un côté, tout était calme et organisé, de l’autre, après quelques secondes, c’était la guerre et l’enfer !
C’était ma première mission de guerre, mais je ne pensais pas qu’une chose pareille pouvait exister. L’intensité de la riposte venant du sol était incroyable, et comme nous étions très bas, nous avions droit à toute la ferraille, tout ce que les armes de tous les calibres pouvaient tirer vers le haut ! J’étais dans la deuxième vague de six avions, je voyais très bien le feu anti-aérien monter vers les premiers Jaguars, avec, en nombre important, ces fameux SA-7 à guidage infrarouges, tirés à l’épaule par des fantassins. Contre cette concentration de tirs, il n’y avait pas grand-chose à faire. Nos moyens de contre-mesure électronique ne servaient à rien puisque les Irakiens n’utilisaient pas de radars pour ajuster leurs tirs, peut-être, d’ailleurs, par crainte d’attirer les « Weasels » Américains. Et surtout, la vitesse des missiles ne nous laissait aucune liberté de manœuvre contrairement à l’idée que l’on pouvait avoir lors de nos entrainements en France, tout juste descendre le plus bas possible pour trouver une protection derrière les merlons des fortifications irakiennes et appuyer sur le bouton « lance leurres ». Je me suis demandé ensuite pourquoi autant de SA- 7 avaient fait si peu de dégâts contre nous. Peut-être parce que l’empennage horizontal à dièdre fortement négatif du Jaguar masque un peu la sortie des tuyères ou en absorbe la chaleur et réduit ainsi la signature infrarouge de l’avion, le réacteur est un double flux ce qui atténue également un peu la chaleur ? Cette explication ne peut pas être la seule. Je pense que d’autres facteurs jouèrent aussi en notre faveur, comme notre grande proximité avec le sol, la position des tireurs, ou leur angle de visée, ainsi que leur niveau de technicité dans l’utilisation de ce système d’arme, beaucoup avait dû être tiré sans attendre d’avoir l’autodirecteur accroché, heureusement pour nous, ça aurait été un massacre !
Notre formation venait de pénétrer dans cette concentration de tirs, quand j’ai ressenti clairement 3 impacts sur l’avion. La proximité du sol me rendait moins vulnérable aux SA7 mais m’exposait davantage aux petits calibres. Je n’ai rien vu ni entendu, simplement « éprouvé » un choc dans la cellule. J’ai su que j’avais été touché avant que l’alarme de la baisse de pression d’huile ne s’allume et qu’au même instant commence à hurler le signal d’incendie du réacteur gauche. J’ai essayé de conserver ma place auprès des cinq autres Jaguar, mais je perdais régulièrement de la puissance et de la vitesse. J’ai réduit mon moteur gauche mais accaparé par les tirs sur mes co-équipiers, j’en oubliais de poursuivre la procédure « feu moteur », aussi parce que, inconsciemment, je n’avais pas du tout envie de perdre de la vitesse en plein milieu de cet enfer ! (J’ai eu l’agréable surprise une fois rentré de découvrir que mon équipier, le Ltt Houdet avait immortalisé cet instant sur la pellicule de son Oméra 40 lorsqu’il m’avait dépassé, bien involontairement, mais le déclenchement de l’Oméra 40 avait été couplé avec toute action de tir et mon cher « Bénito » avait vidé ses caissons d’obus de 30 mm.)
Le reste de la formation me distançait peu à peu, à chaque missile qui frôlait mes co-équipiers, je craignais le pire et mon rythme cardiaque battait la chamade. Puis une ligne haute tension est venue nous barrer la route, dilemme, passer dessous, c’était prendre le risque de l’accrocher et passer au-dessus, c’était s’exposer aux tirs des SA7. Certain sont passés dessous, à la hauteur à laquelle nous volions, ce n’était pas vraiment un exploit (bien qu’après avoir vu les lignes haute tension au Koweït lors d’une mission d’observation au sein de l’ONU en 2002, les câbles de la ligne les plus bas doivent être à une dizaine de mètres du sol, c’est à dire que pour passer dessous il ne fallait pas être à plus de 5 mètres), mais j’avais commencé à tirer sur le manche par réflexe et il était trop tard pour changer d’avis ! Ma seule préoccupation était de revenir le plus vite possible à proximité du sol et j’ai franchis cette ligne haute tension comme on franchit une crête, en passant 3/4 dos. Cette manœuvre avec un seul moteur qui pousse m’a fait perdre de la vitesse mais j’étais encore tellement soucieux de la menace extérieure que je n’y prêtais pas attention sur le moment.
Puis l’intensité du feu ennemi a diminué et enfin cessé. J’avais déjà dépassé la zone la plus dangereuse. J’entendais toujours mes camarades à la radio, mais je ne pouvais plus les apercevoir, j’agissais grâce aux réflexes que m’avaient donné des centaines d’heures d’entraînement.
J’étais seul au-dessus du désert !
Ça aurait pu être un facteur de stress supplémentaire mais pour un pilote formé à la mission nucléaire en solo ce n’était pas réellement un problème. J’ai songé à m’éjecter, mais, comme l’avion volait toujours, j’ai pensé que je pouvais m’en tirer et au moins délivrer l’armement sur l’objectif avant de ramener mon avion. Je me remémorais cette phrase du règlement de manœuvre et d’emploi de l’aviation de chasse, « poursuite d’un objectif unique », qui au niveau de l’exécution signifiait qu’il fallait s’efforcer d’atteindre le but fixé par la mission sans s’en laisser distraire par les circonstances du moment.
A un moment devant moi apparurent plusieurs chars et troupes au sol, j’appuyais sur la détente canon, mais je voyais mes obus monter vers le ciel et compte tenu de la trop grande proximité avec le sol, il m’était impossible de baisser le nez pour tirer au but. J’ai ressenti un énorme sentiment de frustration et d’impuissance ! Je retrouvais mes esprits, ma faible vitesse me faisait voler avec trop d’incidence ce qui expliquait tout. Il était illusoire de pouvoir espérer atteindre le terrain d’Al Jaber pourtant tout proche, moins de 2 minutes de vol, avec une vitesse de 240 Kts et de plus ça aurait fait de mois une cible idéale. J’ai donc largué toutes les charges accrochées sous l’avion et j’ai pris un cap au sud-ouest, itinéraire le plus court pour repasser la frontière. Dans mon virage retour, j’ai aperçu un avion isolé et je me remémorais tout le dialogue radio. Pendant que je me trainais comme un pauvre diable, j’entendais mes camarades attaquer Al Jaber. Soudain, Hummel avait crié qu’il était touché, lui aussi, au-dessus de l’objectif ! J’ai alors compris que c’était son jaguar que j’apercevais. Je lui ai annoncé ma position et que j’avais visuel sur lui et nous nous sommes rassemblés. En arrivant à son niveau, je lui ai dit que son avion était en feu, il m’a un peu surpris en m’annonçant que le mien l’était aussi ! Accaparé par les évènements extérieurs je n’avais pas fait attention. L’aiguille de l’indicateur de température de mon moteur gauche était en butée max, j’ai coupé enfin le réacteur et percuté l’extincteur ce qui a permis d’éteindre le feu. J’ai évolué autour du Jaguar d’Hummel pour évaluer les dégâts, le moteur droit avait été bien endommagé par le missile, mais l’empennage n’avait pas été touché et après quelque test de manœuvrabilité l’avion restait pilotable. La priorité était de sortir du Koweït avant une éventuelle éjection. En reprenant un peu de vitesse, les flammes paraissaient moins visibles, le terrain le plus proche était KKMC (King Khalid Military City) mais pour le rejoindre il fallait survoler une zone défendue par les batteries anti-aériennes égyptiennes en qui nous n’avions aucune confiance, aussi nous prîmes la décision de nous diriger vers le terrain de Jubail avec l’aide de l’AWACS.
Le feu ne semblait pas progresser et Hummel se tenait toujours prêt à s’éjecter à la moindre alerte. A l’approche du terrain de Jubail je lui ai indiqué qu’il se poserait en premier et j’ai fait un 360° pour prendre mon espacement. Une fois aligné sur la piste, j’ai cherché son visuel pour être certain d’avoir suffisamment de retrait et ne le voyant pas, je lui ai demandé de m’annoncer quand il serait en courte finale. Mais l’annonce que j’ai reçue n’était pas celle que j’attendais, il me dit « je suis en virage retour », je lui dis « en virage retour de quoi ? » et il me répondit pour le QFU 35 en service. Il avait juste oublié que dans l’urgence on peut se poser à contre QFU surtout quand la piste fait 4000m de long. Mais il était trop tard pour changer quelque chose, j’ai donc accéléré ma finale pour pouvoir me poser avant lui et dégager la piste avant son atterrissage. J’ai pu ainsi assister au spectacle assez hallucinant des camions de pompiers américains poursuivant à pleine vitesse le Jaguar de Hummel dès son touché des roues, tout en l’arrosant de neige carbonique, impressionnant ! Piste dégagée, il a coupé le réacteur, a ouvert sa verrière sous les applaudissements et a sauté de son Jaguar dans un mètre de mousse, il a alors ouvert la poche de sa combinaison pour saisir un gros cigare que lui avait donner le Cdt Mansion avant le décollage et l’a porté à sa bouche sous les yeux médusés des américains. La France entrait dans la guerre en faisant son show !
Nous avons été conduits chez le commandant de la base pour un débriefing. Il n’était pas au courant que des avions français participaient à l’opération Desert Storm et quand nous lui avons montré le run d’attaque sur notre carte, il nous a dit :
. vous étiez à 25 000 ft nous lui avons répondu
. non, à moins de 50 ft
. ce n’est pas possible, vous étiez combien d’avions?
. 12,
. combien sont rentrés?,
. bien, en plus de nous 2 autres Jaguars ont été touchés et un des pilotes a été blessé à la tête, mais au dernier contact radio ils étaient tous en train de rentrer sur la base d’Al Ahsa.
Le commandant de base nous a demandé de sortir et a gardé l’officier qui nous accompagnait pour discuter assez longuement. Quand celui-ci est sorti, il nous a demandé de le suivre, nous sommes arrivés devant une porte hautement sécurisée, avec un scanneur pour la paume de la main. Il nous a dit « normalement vous n’avez pas le droit de pénétrer dans cette salle mais le commandant de base a jugé que vous en aviez un grand besoin »
En rentrant nous avons découvert une carte géante du Koweït, d’environ 3 mètres sur 6 où une vingtaine de personne actualisaient en permanence l’état et la position des troupes irakiennes. Et là, stupeur, nous avons découvert que notre run faisait la verticale des 3 sites les plus défendus au Koweït. En entrant, le poste de commandement d’une division d’infanterie, là précisément où nous avions vécu l’enfer, ensuite le terrain d’Al Jaber que nous devions attaquer et pour terminer, en sortant, le poste de commandement d’une division blindée. On aurait voulu se suicider, on n’aurait pas fait mieux. Mais en retraçant avec Hummel le trajet que nous avions suivi au retour, nous avons eu une autre surprise. Nous étions passés exactement dans une sorte de couloir entre deux zones de concentrations irakiennes. Voilà pourquoi nous n’avions rien vu, ni personne. Décidément, nous avons eu beaucoup de chance !
L’officier américain est revenu avec une grosse enveloppe cachetée et couverte de tampon « Top secret » et nous l’a tendue en disant « ça aussi normalement c’est interdit mais ne la perdez pas et surtout faites en bon usage ». Puis on nous a informé que le commandement français avait été prévenu que nous étions sains et saufs et que le Lcl de Saxcé venait nous rejoindre par la route. On lui avait prêté une Mercédès sur-boostée avec laquelle il s’était fait un grand plaisir en lui faisant cracher tous ses chevaux. En l’attendant et malgré le coup de fatigue, nous n’avons pas eu le temps de nous ennuyer, toute la base de Jubail voulait une photo des « guerriers français ». Nous étions assez fiers de voler la vedette aux Jaguars et Tornados de la Royal Air Force.
Un hélicoptère français est venu nous récupérer pour nous ramener à Al Ahsa. En arrivant, notre seule préoccupation était de prendre des nouvelles de nos frères d’armes. On nous a dit que Mahagne avait réussi à se poser avec l’aide soutenue des autres pilotes pour qu’il ne perde pas connaissance. Une balle avait troué la verrière, puis son casque, avait fait le tour de son crâne pour trouer à nouveau son casque et enfin la verrière opposée. Il était scalpé sur tout l’arrière du crâne et se vidait de son sang. Arrivé au parking, il avait coupé les réacteurs et avait perdu connaissance. Il avait été pris en charge par le service médical et conduit en urgence à l’hôpital d’Al Hufuf. Le Lieutenant Christ avait lui aussi réussi à poser son Jaguar malgré ses commandes de vols endommagées. Puis on nous a raconté le silence de mort qui planait sur le parking au retour des avions. Comme dans les films retraçant la bataille d’Angleterre, on comptait les avions qui rentraient, les deux premiers avaient installé l’ambiance avec Mahagne évacué inconscient par l’ambulance et les rebonds au touchée des roues de Christ, puis 3, 4, 5..10 et plus rien, il en manque 2 et personne ne savait encore que nous étions sains et saufs à Jubail. Première journée de guerre, ça calme !
Nous avons rendu visite à Mahagne dans la soirée à l’hôpital où il était le chouchou du service hospitalier saoudien, dans sa « djellaba » bleu ciel (blouse médicale) et avec son bandage sur le crâne, il faisait très couleur locale, on a ri, c’était le moment décompression ! Il avait été formidablement recousu par un chirurgien saoudien, il allait bien si ce n’est qu’il était sourd de l’oreille côté impact, mais il était en vie pour notre plus grand bonheur. Une telle mission rapproche les hommes et ça a été pour moi un grand honneur de voler avec les pilotes du grand 2/11 Vosges, comme de recevoir l’insigne de l’escadron des mains du Capitaine Hummel, mon équipier d’infortune. Frères d’armes à jamais.
J’ai toujours la balle de 5,56 mm qui a provoqué mon feu moteur, les mécanos l’ont retrouvée dans le carter d’huile qu’elle avait explosé. La question demeure de savoir combien d’avions auraient décollé le lendemain s’ils avaient été envoyés sur une nouvelle mission en basse altitude. Nous ne le serons jamais puisque l’Etat-major a pris la sage décision de faire des missions qu’en haute altitude. Je ne regrette pas de ne pas mettre éjecté par mesure de précaution, tout le monde a en tête les images sur CNN des visages tuméfiés des pilotes anglais et américains capturés par les irakiens, ainsi que l’histoire de ce pauvre pilote enchainé et tiré derrière un 4×4. Ce qui est certain, c’est que si cette première mission avait été faite avec des Mirages 2000, mono réacteur dont la signature infrarouge est plus importante que celle du Jaguar, ça aurait été une hécatombe.
Dans les missions suivantes, il a fallu s’adapter. Le système d’armes du Jaguar n’est pas fait pour du bombardement en haute altitude et à plus de 60° de piqué, l’épée en tête haute qui sert à indiquer le point d’impact des munitions part en butée en nous laissant sans aucune indication de tir. Le seul repère utilisable était celui qui matérialisait l’axe avion et pour s’en servir il a fallu adopter la méthode « Stuka », c’est à dire arriver vertical l’objectif, passer sur le dos pour entamer un piqué à 90°, moteurs réduits, aérofreins sortis, larguer les bombes et faire une ressource dont le point bas de devait pas passer en dessous de 20 000 ft pour ne pas rentrer dans le volume de tir des défenses anti-aériennes. Ceux qui s’y sont risqués ont très vite compris que le risque existait bel et bien en voyant le ciel se remplir de petits nuages gris caractéristiques de l’explosions des obus des canons anti-aériens S60.
Je suis arrivé à Al Ahsa le 26 décembre 1990, l’arrêt des opérations offensives et le cessez le feu ont été décrétés le 28 février 1991 à 08h00 et je suis rentré en France le 11 mars 1991 dans le convoyage de 4 jaguars après 7h30 de vol et 5 ravitaillements. Une belle aventure qui incarne toute ma passion et mon engagement dans le métier de pilote de chasse.
Franck BONNAFOUX
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DR_Corse66
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#21

Message par DR_Corse66 »

Knell a écrit :
mer. janv. 19, 2022 8:56 pm
DR_Corse66 a écrit :
mer. janv. 19, 2022 6:45 pm
C'est dommage que dans le tableau du Fana qui liste les pilotes il n'y pas une colonne qui dise si le pilote est un "direct" ou pas... ^^
Facile, tout ce qui est au dessus de LTT est Direct :)
Ah d'accord ;) merci de l'info monsieur ! Soit.. 6 sur 12 d'après la liste :)

De mémoire ce n'est pas ce que laissez entendre le reportage "DAGUET, L'OPÉRATION QUI A TRANSFORMÉ L'ARMÉE"
A l'époque si tu n'étais pas direct tu n'avais aucun moyen de passer au dessus de LTT?

Knell
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#22

Message par Knell »

DR_Corse66 a écrit :
mer. janv. 19, 2022 9:57 pm
De mémoire ce n'est pas ce que laissez entendre le reportage "DAGUET, L'OPÉRATION QUI A TRANSFORMÉ L'ARMÉE"
A l'époque si tu n'étais pas direct tu n'avais aucun moyen de passer au dessus de LTT?
Si mais pas plus loin que CNE
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ergo
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#23

Message par ergo »

Knell a écrit :
mer. janv. 19, 2022 9:13 pm
ergo a écrit :
mer. janv. 19, 2022 12:21 pm
Dans le lot, 4 seront touchés, 2 de façon somaires (trou dans les ailes, fuites de fluide), 1 perdra un moteur a cause dun SA-7 et en chiera comme un rat mort pour rentrer, et un dernier se retrouvera à la limite du coma, une balle d'AK-47 dans le casque, la gueule en sang, a rentrer miraculeusement.
Je crois que Bonnaf n'aurait pas qualifié de sommaire le trou qu'il a eut dans le réservoir d'huile et donc le feu moteur qui en a suivi .....
Feu Moteur que lui a confirmé Mamel quand ils se sont retrouvé tt les deux dans le désert ....

Effectivement, meaculpa ... c'est de mémoire que j'ai refait se résumé très (trop) rapidement ;)
Tout travail mérite son dû, n'est-ce pas "Oui Oui" ?
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UF_Nazca
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#24

Message par UF_Nazca »

Il y a aussi le récit de M. Mahagne et son livre "Jaguar sur Al Jaber".

http://defens-aero.com/2014/01/t%C3%A9m ... -1991.html
http://aerostories.celeonet.fr/~aerobib ... e3214.html

DR_Corse66
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Re: Question technique: vol en formation Sturmovick

#25

Message par DR_Corse66 »

Knell a écrit :
mer. janv. 19, 2022 8:56 pm
DR_Corse66 a écrit :
mer. janv. 19, 2022 6:45 pm
C'est dommage que dans le tableau du Fana qui liste les pilotes il n'y pas une colonne qui dise si le pilote est un "direct" ou pas... ^^
Facile, tout ce qui est au dessus de LTT est Direct :)
Salut :)

J’ai contacté une source qui avait écrit un article dessus (le piège) et il me dit que d’après lui il n y avait que deux direct sur douze .. ça corrobore l’impression du documentaire de LCP ..(reportage très intéressant par ailleurs..)
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